Retour d'expérience sur le pire et le meilleur que j'ai pu entrevoir durant mes années de pratique en agence puis en indépendant.
Ça y est, vous avez passé les premières étapes, appel d'offre, devis accepté et c'est parti pour la réalisation du projet (qui bien souvent lors d'un appel d'offre remporté n'aura plus beaucoup de rapport avec les maquettes présentées, mais j'en ferai certainement l'objet dans un autre billet). "Y'a plus qu'à" réaliser... et donc récupérer les ressources existantes afin de pouvoir bien travailler.
Chez les grands groupes :
Pour des raisons qui me sont obscures, une fois le contrat remporté et en relation avec le client, obtenir ces éléments relève trop souvent du parcours du combattant (ajouter un coefficient de malus en fonction du nombre d'intermédiaires, chefs de projets...). Alors pourquoi autant de mystères autour d'un document de "communication"..?
Bien souvent si elle existe, la charte a été réalisée par des studios ou en interne et présente plusieurs éléments qui définissent la mise en application de l'identité visuelle. Et là, tout dépend de nos interlocuteurs et de leurs dirigeants. Car si la flexibilité est souvent la meilleure des solutions surtout si un cas n'a pas été envisagé, il faut bien souvent marcher sur des œufs au nom de la sacro-sainte charte.
Un conseil : proposez, n'imposez pas, mais restez fermes si vous affrontez des refus en expliquant le pourquoi du comment, sans jamais prendre les choses personnellement (même si oui c'est dur de se prendre des vents quand on a mis tout son cœur à l'ouvrage).
Dans tous les cas vous n'y couperez pas, la validation du client tranchera. Là encore s'assurer d'avoir UN décisionnaire référent qui saura acter le choix final. C'est épuisant de devoir faire X aller-retour, seule l'expérience de votre relation client saura vous faire mesurer ces aspects (et à les chiffrer parce que + de temps hé bien oui c'est + d'argent. nb pour moi-même : penser à établir un coefficient "client indécis").
cas n°1 La "voie royale" :
Centre de téléchargement, base de données, "bibles". Dès le début du projet on vous met en contact avec une personne du département communication et/ou on vous créée un accès sur leur plateforme dédiée.
Eh oui le meilleur peut arriver, bien plus souvent qu'on ne le pense ! Mais attention aux référents, car tout le monde n'a pas la même interprétation d'un même document...
Ce qui semble être un avantage en amont peut être très pénalisant si on se retrouve face à des personnes avec des œillères ou si l'on n'a pas compris soi-même les documents de références (parfois il peut y en avoir une quantité astronomique, il m'est déjà arrivé de devoir passer plusieurs jours afin de lire, comprendre, analyser, digérer, traduire).
Mais généralement, avec une vraie "bonne" charte, décrivant les cas possibles et interdits, listant les supports et fournissant des indications précises quand à l'utilisation du logo, des photos et des types de photos/illustrations à utiliser, il n'y a pas de secret.
Une charte c'est également une liste de valeurs, un sorte de portrait chinois de la marque qui permet de se faire une idée de l'entreprise mais surtout de l'image qu'elle souhaite véhiculer.
Pour moi une charte intelligente doit être évolutive, laisser quelques fenêtre ouvertes, mais cadrer bien entendu les points majeurs afin de permettre une unité globale.
cas n°2 L'"omerta" :
Le refus de fournir les éléments clefs. Vous avez presque supplié vos interlocuteurs de vous transmettre les documents existants. Mais force est de constater que faute d'éléments vous avez du "faire au mieux" avec 3 bouts de ficelle et le bon vieux système D (merci internet !).
Elle doit exister, forcément, quelque part ! Vous ne me ferez pas croire qu'un grand groupe n'a pas, à un moment ou à un autre, investi pour produire un logo correct (une fichier vectoriel, à tout hasard) voir un mode d'emploi destiné aux futures agences sous-traitant l'identité de la marque ?
C'est d'autant plus frustrant lorsque vous êtes mitraillé quotidiennement par des publicités de ce même client...
Mais non, vous n'y aurez pas accès, ou alors un extrait de préférence bien après que vous ayez investi du temps lors de vos projets de présentation (oui ça sent le vécu ^^)... Pourquoi tant de haine (ou d'ignorance) ? Je n'en ai toujours aucune idée. Enfin si une petite au sujet des conflits internes qui opposent souvent les différents départements d'une grosse boîte. Comme le marketing et la communication, bien souvent frères ennemis.
La peur d'être copié ? Je pense que les prestataires peuvent s'engager à garder la notion de confidentialité et d'exclusivité...
De plus s'ils existent ces guides détaillent ces notions de confidentialité. Bien souvent en plus il n'y a pas de grand secret à éventer, je dirai même qu'un bon graphiste sera capable, avec des exemples de documents/médias existants de dresser lui-même les bases de l'identité visuelle de la société pour laquelle il va travailler.
Mais franchement, on a mieux à faire en général que passer ce temps de travail supplémentaire lors d'un projet.
cas n°3 Le désert créatif :
Absence des éléments graphiques.
Au mieux un logo .tiff ou .eps en 300dpi (qualité imprimable en sortie impression externe), des exemples de supports existants (en basse définition ou en photo) mais aucune ligne directrice. Beaucoup d'agences se sont succédées, aucune n'a été mandatée pour définir une charte et en interne personne n'a été chargé de rassembler ces éléments, qui auront plus ou moins disparus au fil du temps.
Bien souvent les axes ont dévié au cours du temps et des préférences personnes chargées des projets (d'où l'utilité d'une "vraie" charte, qui pense à l'image de l'entreprise et non aux souhaits personnels d’Intel ou truc). Bon l'avantage c'est qu'en général vous aurez le champ plutôt libre pour travailler. A moins qu'en cours de projet vous découvriez avec horreur que vous êtes dans le cas de figure n°2...
Mon conseil est donc, en amont d'un projet, de demander l'existence de la charte et l'autorisation d'obtenir ces éléments, sinon de prévoir un poste dédié lors du devisage.
Chez les PME/TPE et artisans :
Il n'est pas rare de voir appeler pompeusement "charte" un simple logo en bitmap (pixels) accompagné de 2/3 documents qui ont été réalisés (tête de lettre, carte de visite), parfois même de façon artisanale, à l'arrache, il y a X années.
Souvent le client va oublier qu'il est le seul décisionnaire donc qu'il peut se séparer ou faire évoluer certains éléments (surtout en l'absence d'un service dédié à la communication). Il arrive que les éléments produits représentent un handicap duquel il est difficile de sortir : peur du changement, manque de cohérence, peu de moyens...
Rien de plus frustrant pour un maquettiste que de devoir faire une créa sympa accompagnée d'un logo vieillot et de mauvaise qualité... mais bon, ça arrive il faut y être préparé. Dur de résister à l'envie de relooker ou simplement de mettre au net un visuel désuet. Mais à force de conseils et de dialogue on peut arriver à faire changer les esprits.
Et qui sait finalement, pouvoir relooker un logo par la suite.. !
a) L'identité de base existe :
le plan ou il faut se battre pour avoir un pauvre .jpg miteux envoyé par mail 3 semaines après le début du projet.
Et en faisant 2/3 recherches sur le net on aura trouvé mieux en 2min30. Ou alors il faudra scanner le papier entête..! Bon le tout c'est de le savoir, il n'y a pas de mal et il n'est jamais trop tard pour mieux faire, la preuve, vous avez une demande.
b) L"identité existe et multiplie les supports :
Un site, une enseigne, une ancienneté qui fournit de nombreux exemples.
Bien, il va falloir prendre la température au niveau du client et de ses attentes, se mettre d'accord sur la cible, les supports, les objectifs... Bref un peu de conseil qui saura certainement ajouter de la valeur à la prestation finale. Les 2 parties ont tout à y gagner et également une fidélisation qui saura récompenser les efforts.
c) L'identité inexistante :
une police de base, 2 couleurs et hop ça roule. Bon, tout reste à faire finalement c'est une bonne nouvelle ?! Pas si sûr, attention de bien délimiter les prestations en proposant ce service supplémentaire de création/refonte d'identité visuelle.
Pouvoir offrir certaines choses c'est sympa mais il faut bien remplir le frigo et SURTOUT faire prendre conscience que l'expertise, le design, le conseil et bien non ce n'est pas gratuit. D'autant plus que le logo et la plaquette sont parmi les prestations demandées qui peuvent prétendre à des budgets corrects (même en ces temps de "crise"). Il ne faut surtout ne pas se dévaluer et penser à la visibilité ainsi qu'à la diffusion finale de ses travaux.
Tout cela se calcule, il existe plein de grilles et de méthodes pour délimiter les utilisations. Car pour bien faire les choses il faut rédiger une cession de droits (objet d'un autre billet à venir). Bien souvent l'utilisateur peut penser qu'avoir payé pour une création c'est avoir payé pour ses droits de représentation, diffusion, adaptation... et qu'on est ensuite libre d'en faire ce qu'on en veut. Et bien non. Bouuuh vilains auteurs, grippe-sous :p Moue, on en reparlera ! Et non je ne suis pas désolée pour les "gratuistes" parce que franchement ces initiatives ont fait un mal incroyable à la profession, mais également beaucoup de mal aux personnes qui les ont employés. Mieux vaut ne pas communiquer que mal communiquer, mais ça reste mon avis personnel !
Voilà à peu près ce que j'avais à dire, j'espère que d'aucun ne le prendront mal, chefs de projets, commerciaux, je vous aimais je vous aime et je vous aimerai...
Non mais sérieusement, si vous pouviez nous filer tout de suite votre pt1 de charte graphique, ou d'emblée annoncer l'état des lieux, tout le monde gagnerait du temps ! :D